[Gwen] Bonjour et bienvenue sur LePod. Pendant une petite demi-heure, nous allons échanger sur les problématiques de nos métiers en tant que Community Manager et Social Media Manager. Notre objectif, partager ensemble nos réflexions, nos avis et nos pratiques sur un sujet.
Dans l'épisode d'aujourd'hui, je suis accompagnée de Bryan et nous allons vous parler de X et de Meta et de leur politique de modération et de diffusion de messages à caractère politique. Nous allons, entre autres, voir s'il faut quitter ces plateformes au profit de quels réseaux et comment prendre cette décision en tant que marque entreprise. Un dernier mot, si ce podcast vous plaît, pensez à vous abonner sur votre plateforme d'écoute préférée pour être sûr de ne rater aucun autre épisode.
Allez, je vous laisse. C'est parti. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur LePod.
Nous sommes ravis de vous retrouver avec Bryan pour ce nouvel épisode. Bonjour Bryan.
[Bryan] Bonjour Gwen.
[Gwen] Comment tu vas ? Je suis en pleine forme. C'est super parce qu'aujourd'hui, on s'attaque à un sujet costaud.
[Bryan] J'ai hâte.
[Gwen] Alors, pour ce 44e épisode, nous allons parler d'un sujet qui fait polémique depuis plusieurs semaines et qui s'est amplifié depuis l'élection de Donald Trump comme 47e président des Etats-Unis. Il s'agit de X et de Meta et plus précisément de leur politique de modération et de diffusion de messages à caractère politique. Alors, quand on cherche à avoir une communication éthique, faut-il rester sur ses réseaux ou non ?
Et si on les quitte, au profit de quelle autre plateforme ? Donc, gros sujet.
[Bryan] Ce n'est pas aussi simple qu'on ne le pense.
[Gwen] Évidemment, comme toujours. Tu es prêt ? Du coup, c'est parti.
[Bryan] C'est parti.
[Gwen] Alors déjà, est-ce que tu pourrais nous expliquer un peu de quoi on parle et mettre un peu de contexte sur ce sujet de X et de Meta qui se baladent depuis quelques semaines ? Et avant toute chose, préciser qu'on enregistre en date du 24 février. Donc, d'ici là, que l'épisode sortira d'ici une ou deux semaines, les choses auront peut-être évolué.
[Bryan] Ce qui est fort possible, vu la vitesse à laquelle ça va. Alors, rapidement, ce qu'il faut comprendre, c'est que l'élément déclencheur à ce type d'épisode, c'est ce qui se passe sur X depuis deux, trois ans, même presque trois ans de bientôt. Ça correspond au rachat de Twitter par Elon Musk.
C'est un peu de là d'où est parti le, je ne vais pas dire les problèmes, mais en tout cas, le contexte actuel.
[Gwen] Le mouvement.
[Bryan] Le mouvement, exactement. Quand Musk rachète Twitter en 2022, il met en place une série de mesures, je ne vais pas détailler aujourd'hui, mais qui amènent à un contexte aujourd'hui où on a des échanges qui sont de plus en plus hostiles. On a un tsunami de fausses informations et par conséquent, on a beaucoup de marques, d'entreprises, de médias, de collectivités qui disent nous, stop, on part de X.
Donc, on a une atmosphère un peu complexe. D'où ça vient tout ça? C'est les choix que fait Musk sur notamment le modèle économique d'une part, mais aussi les choix liés à la modération des contenus sur X.
En gros, ce que dit Musk pour vraiment de manière très, très schématique, c'est qu'on ne va pas modérer les contenus, on va laisser les utilisateurs modérer eux-mêmes les contenus. Ce n'est pas à nous, X, de modérer ce qui se dit, c'est plutôt aux utilisateurs de nous signaler ce qui ne va pas. Bon, alors tout ça, c'est bien beau, mais sauf que du coup, comme tu n'encadres plus les discussions, il y a des débordements, etc.
Il y a des discours haineux, ça devient toxique, etc. Donc là, on a une atmosphère qui est vraiment très complexe. Et puis, au-delà de l'atmosphère complexe de la plateforme, en fait, quand Elon Musk décide il y a quelques mois, donc mi-2024, de suivre Trump dans sa candidature, de le soutenir officiellement, en fait, ça aussi, c'est problématique.
Ça pose beaucoup de questions sur le pouvoir qu'il a aujourd'hui sur la fabrique de l'opinion publique aux États-Unis, parce qu'il a quand même à sa main une arme de destruction massive avec un réseau social. Donc tout ça, ça accélère un peu le mouvement. On part de X, on ne se reconnaît pas dans les décisions qui sont prises.
Et c'est aussi une manière de dire qu'on est un peu anti-Musk, qu'on n'est pas d'accord avec sa prise de position politique. Donc ça, c'était le contexte à fin décembre. C'est d'ailleurs dans ce contexte-là qu'on avait décidé d'enregistrer cet épisode pour parler un peu de X, de Blue Sky, on va en parler, de TREAD, etc.
Et puis, en fait, c'est totalement inattendu ce qui s'est passé en janvier. Précisément, c'est le 7 janvier. Je pensais que c'était un article du Gorafi, un truc, je me disais, c'est pas possible.
Le 7 janvier, on a donc Mark Zuckerberg, le patron de Meta que tout le monde connaît bien, qui publie une vidéo et qui annonce officiellement des changements drastiques dans la politique de modération de Meta. Donc, Meta, pour rappel, c'est quand même plusieurs plateformes. C'est Facebook, Instagram, SREZ et WhatsApp.
Alors, WhatsApp, il n'y a pas de sujet à trop de modération, quoique ça pourrait arriver avec les chaînes, mais on va tout se concentrer sur les deux plus connus, à savoir Facebook et Instagram. Musk dit, en gros, de manière très schématique... Zuckerberg.
Merci, Zuckerberg. Il nous dit, voilà, en fait, depuis des années, on encadre les contenus, on les modère nous-mêmes. Ça coûte de l'argent et on fait des erreurs.
Et en même temps, il faut peut-être arrêter de censurer. Globalement, je simplifie son propos. Et donc, on va s'inspirer du modèle.
Alors, il ne dit pas qu'il va s'inspirer du modèle de X, mais en tout cas, il parle des community notes, qui est clairement le modèle qu'a adopté X quelques mois auparavant. Globalement, il dit, on arrête de payer les gens pour faire la modération et on demande aux utilisateurs de nous signaler tous les contenus qui peuvent poser problème. Et ça, c'est quand même un virement énorme, parce qu'on a vu l'impact que ça a sur X avec la diffusion de fausses informations.
Et en même temps, il annonce la fin de sa politique contre les fake news, parce qu'avant, il y avait des partenariats aussi avec des médias qui aidaient à lutter contre les fake news qui polluaient Facebook et Instagram. Puis, il annonce aussi d'autres choses en lien avec où se trouvent les équipes de méta qui vont quand même continuer à travailler un peu sur la modération, mais qui seront largement restreintes. Bref, il y a tout un tas d'annonces qui font que là, ça remet un focus énorme sur le sujet de la modération sur les réseaux sociaux.
Ça remet un focus énorme sur le pouvoir des plateformes sociales sur notre quotidien, parce qu'en fait, ce sont des annonces qui paraissent un peu anodines en apparence et qui ont des conséquences énormes.
[Gwen] Oui, c'est ce que j'allais dire. Est-ce que tu pourrais préciser peut-être aux personnes qui ne comprendraient pas là, de but en blanc, pourquoi il peut y avoir un glissement de terrain sur ce sujet ? Pourquoi c'est dangereux que la modération des contenus soit entre les mains des utilisateurs ?
[Bryan] En fait, si tu veux, ça veut dire que tu dis à tes utilisateurs, c'est à vous de nous dire ce qui est problématique. Sauf qu'en fait, les utilisateurs ne sont pas des journalistes, ils n'ont pas la méthodologie pour savoir déceler une fake news, recouper l'information, vérifier les faits, etc. Enfin, je veux dire, c'est un travail en fait de faire ça.
Alors, ça ne veut pas dire que les personnes qui géraient la politique de modération chez Meta étaient des journalistes, mais en tout cas, entre le programme de lutte contre les fake news avec les médias, mais aussi le fait de payer des personnes pour encadrer les modérations avec des règles définies, ça, ça permet d'encadrer les débats. Pour Musk, ça, c'est trop de censure. On va revenir, ah oui, il y a un truc qu'il déclare, on va revenir aux sources de la liberté de parole.
En gros, avant, ce qu'il dit quand même, c'est que de 2016 à 2025, sur Meta, il n'y avait pas de liberté de parole. Il y avait une forme de censure. Bon, on ne va pas revenir sur pourquoi en 2016, il y a tout ça.
Il y a le scandale de Cambridge Analytica qui a mis tout ça en oeuvre. Mais toujours est-il que c'était vraiment un séisme énorme et que, si tu veux, entre Meta et X, ça pose énormément de questions. Et la première question principale qu'aujourd'hui, tout le monde nous adresse.
Alors, quand je dis aujourd'hui, c'était avant que sur X et ça commence à arriver sur Meta, même si je trouve qu'il n'y a pas le même traitement entre X et Meta, on pourra en reparler. Mais en gros, ce qu'on entend beaucoup, c'est est-ce qu'il faut rester sur X ? Est-ce qu'il faut...
Et si on part, on va où ? Et puis, on n'a pas encore commencé à nous poser clairement la question pour Meta, mais elle va finir par se poser. Est-ce qu'il faut rester sur Facebook ?
Est-ce qu'il faut rester sur Instagram ? Et ça va plus loin que juste dire, oui, Facebook, c'est pour les vieux, etc. Non, ça va beaucoup plus loin.
[Gwen] Oui, c'est encore un autre sujet.
[Bryan] Voilà. Donc, je dirais que ça, tout ça, ça pose quand même énormément de questions pour la place des marques, pour les entreprises. Et du coup, typiquement, rien que quand on voit sur les débats qu'il y a sur X, sur est-ce qu'il faut partir, c'est oui, comment, etc.
Les gens qui disent, moi, je vais partir, moi, je vais rester. Il y a plein de positions possibles, en fait. Il y a plein de possibilités et c'est ça qui, aujourd'hui, rend complexes les choses.
[Gwen] Ça marche. Donc, du coup, maintenant qu'on est au clair sur le contexte, est-ce que tu pourrais nous dire un petit peu ce que ça pose comme question pour les entreprises?
[Bryan] Oui, alors, ça pose beaucoup de questions. En fait, la première, c'est que pour une entreprise, aujourd'hui, elle risque de se retrouver et c'est pour ça, d'ailleurs, qu'il y a beaucoup d'entreprises qui sont parties de X, typiquement. C'est si je reste sur une plateforme où l'atmosphère devient toxique, où certains débats ne sont pas modérés.
Mon message que je m'apprête à publier peut se retrouver noyé au milieu de messages à côté desquels je n'ai pas forcément envie d'être associé. Oui, tu vois bien comment fonctionne le site d'actualité. Tu as des messages des pages que tu suis, des messages qui te sont suggérés, et des fois, des messages que tu n'as même pas du tout demandé.
Toujours est-il que parfois, tu vas te retrouver avec des messages qui peuvent te poser problème. Je prends un exemple. Imagine, tu travailles dans une entreprise avec des valeurs fortes et tu fais un poste, je pense à ça parce que c'est ce qui va arriver, tu fais un poste sur l'engagement de ton entreprise vis-à-vis de la défense des droits des femmes.
Ça va arriver le 8 mars. Tu fais ton poste sur X et en fait, ton poste se retrouve dans le fil d'actualité entre deux postes de comptes très masculinistes. C'est super dérangeant, en fait.
Et ça, c'est un exemple parmi d'autres, mais tu peux tirer le fil à l'infini. Toi, t'es une marque engagée d'un point de vue environnemental et tu te retrouves à côté de tweets qui ont été publiés par des climatosceptiques. Et donc, pour la réputation de la marque, ça pose problème.
C'est ce que beaucoup de spécialistes appellent la brand safety. C'est exactement le même terme. C'est de se retrouver finalement à côté d'autres messages qui ne sont pas du tout cohérents avec ce que toi, tu défends.
Et donc ça, je dirais que c'est le principal problème pour une entreprise. Pour une entreprise, il y a d'autres problématiques, c'est que tu vas te retrouver potentiellement sur des réseaux. Alors typiquement, X, c'est ce qui fait aussi que beaucoup d'entreprises ont décidé de quitter X.
C'est que comme les utilisateurs partent de X, les entreprises se disent à quoi bon rester, c'est pour parler à qui, en fait. Donc, tu as cette fuite en avant des utilisateurs qui va poser problème aussi aux entreprises en disant à quoi bon rester sur une plateforme sur laquelle il n'y a plus d'audience. S'il y a moins d'audience, la conséquence aussi, c'est que les entreprises qui vont dire qu'on va investir moins dans la production de contenu, mais aussi dans les social ads, parce que certaines vont quand même y rester.
Elles ont construit des audiences pendant très longtemps. Elles vont y rester, mais du coup, elles vont investir un peu moins en dépenses publicitaires. Et puis, ça pose un autre problème, c'est d'accord, on peut, on va partir, mais du coup, pour aller où ?
X, on part, OK, mais du coup, on va où ? C'est pour faire quoi ? Pour raconter quoi ?
Et aller toucher quel type d'audience ? Donc, ça pose ces questions-là. Et c'est pour ça, d'ailleurs, que ça pose énormément de problèmes aux marques.
Typiquement, aujourd'hui, la plupart des entreprises nous disent OK, on réfléchit peut-être à partir de X. La plupart le font. Et puis, elles nous disent d'accord, mais maintenant, on va où ?
Est-ce qu'on reconstruit une audience ailleurs ? Et si oui, est-ce que c'est vraiment intéressant de reconstruire une audience ailleurs ? C'est jamais là où on voit, ça devient un peu plus problématique aussi, à un moment donné, est-ce que ça vaut le coup d'investir de l'énergie ?
Voilà, donc, c'est un peu tout ça que ça pose comme question.
[Gwen] Eh bien, justement, répondant qu'à cette question, non, parce que j'imagine que donc, quitter X, j'allais dire Twitter, donc c'est un positionnement. Oui, mais donc pour partir où ? D'accord, mais après, il n'y a, j'imagine, pas forcément besoin de partir ailleurs pour remplacer.
[Bryan] Alors oui, c'est ça, exactement. Alors bon, aujourd'hui, globalement, si tu veux partir ailleurs et donc remplacer, parce que tu te dis, bon, j'avais une audience sur X et en même temps, j'aimais bien aussi X pour le type de contenu que ça me permettait de produire, le contenu un peu en temps réel. Je fais une déclaration, je publie un truc sur X, c'est potentiellement repris par des journalistes.
Je peux faire du contenu assez court, assez direct, etc. X a quand même inventé une forme de type de contenu, ce qu'on appelle le micro blogging. Et donc, tu peux te dire, j'ai envie de retrouver ce même type d'audience qui aimait bien ce type de contenu et d'aller sur une plateforme qui me permet très rapidement de pousser des messages en temps réel.
Typiquement, si tu es une personnalité publique, c'est ce que tu vas rechercher. Si tu fais beaucoup aussi de crises et que tu t'adresses beaucoup à des utilisateurs ou même à des médias, tu vas rechercher aussi des plateformes. C'est quand même assez pratique pour la communication de crise.
Donc, tu vas forcément te poser la question pour aller où ? Alors, il y a une plateforme qui a été assez rapidement écartée du sujet, alors qu'on en parlait beaucoup il y a six mois. Je ne dis pas qu'il ne faut pas y aller, mais de mon point de vue, ça ne remplace pas X.
C'est Threads. Pour moi, Threads, ça ne remplace pas X. D'ailleurs, je ne sais plus si c'est le patron de Meta, enfin le patron d'Instagram qui est aussi le patron de Threads qui l'a déclaré ou si c'est une personne influente.
Mais je me souviens d'une déclaration qui était de dire sur Threads, on ne veut pas de journalistes. En gros, c'est la logique un peu derrière. Threads, ça s'inscrit dans les coulisses pour les créateurs et créatrices de contenu.
Donc, Threads, moi, aujourd'hui, je ne le vois pas comme une alternative possible parce que ce n'est pas forcément comme ça, là où vont aller les journalistes et là où vont aller les faiseurs d'opinion. Et puis, de toute façon, ça reste la maison Meta. Et en plus, justement, l'annonce de Meta fait que de toute façon, ça a été un peu encore plus écarté par la suite.
C'est-à-dire qu'il y a six mois, on disait, Threads, pourquoi pas ? Moi, je commençais à dire, je ne suis pas sûr parce que ce n'est pas pareil. Les journalistes ne vont pas forcément sur Threads.
C'est plus pour les créateurs et les créatrices de contenu. Alors là, quand Meta a annoncé la fin de la politique de modération, ça a clairement mis Threads hors jeu. Ensuite, on a des initiatives comme Mastodont qui pourraient attirer, mais ça reste des plateformes, c'est un peu technique.
Ce n'est pas très accessible pour le grand public. Et tu as à côté une plateforme que nous commençons à tester qui s'appelle Blue Sky, qui, aujourd'hui, me paraît être une alternative à peu près équivalente. C'est marrant parce que Blue Sky a quand même été créé par l'ancien dirigeant de Twitter avant qu'il se fasse débarquer par Elon Musk, Jack Dorsey.
Et c'est la copie conforme de ce qu'on connaissait sur Twitter à l'époque. C'est exactement la même interface, les mêmes fonctionnalités. Et on retrouve de plus en plus des journalistes, des faiseurs d'opinion.
Moi, je commence à lire de plus en plus sur Blue Sky. Je commence à lire de plus en plus sur Blue Sky des échanges qui me font dire que la réflexion pourrait se faire là-bas, comme elle se faisait à l'époque sur Twitter, avec des petites communautés d'expertise, etc. Je pense que Blue Sky, ça peut aujourd'hui intéresser les marques qui veulent continuer à avoir ce type de plateforme.
Surtout que Blue Sky, ce qu'on observe, quand je lis pas mal d'articles, a priori, Blue Sky génère de plus en plus de trafic sur des sites web. Et ça, il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui, dans le fait que les médias quittent X, c'est un des arguments aussi de dire en fait, de toute façon, X, ça nous apporte même plus de trafic sur nos sites, donc à quoi bon continuer à rester ? Si Blue Sky commence à drainer du trafic sur les sites de médias, mais aussi les sites des entreprises, forcément, ça peut en devenir aussi intéressant pour la plupart des marques.
Donc, a priori, Blue Sky permet de générer du trafic sur les sites. On a justement des communautés d'expertise, des faiseurs d'opinion, etc. Et sur Blue Sky, on a a priori des audiences qui sont un peu plus engagées, qui restent plus longtemps que sur X.
Donc, ça peut faire figure de bonne alternative. Maintenant, il y a quand même des limites. C'est à dire que sur Blue Sky, il y a pour moi une énorme limite qui fait que la plupart des marques aujourd'hui, elles bloquent un peu avant d'y aller.
C'est qu'il n'y a pas de statistique. Tu sais qui s'abonne à ton compte, tu sais comment ton compte se développe, mais t'as pas un tableau de bord avec développement de l'audience, développement de la visibilité, taux d'engagement, tout ça, tu n'as rien. Donc, en gros, tu as investi du temps à l'aveugle.
Tu ne sais même pas d'ailleurs combien de personnes cliquent sur tes liens.
[Gwen] Ça va peut-être venir, oui.
[Bryan] Bien sûr, ça va arriver.
[Gwen] Pour l'instant, ce n'est pas le cas, mais ça va peut-être venir.
[Bryan] Et de mon point de vue, le jour où les stats arrivent sur Blue Sky, ça devrait accélérer aussi le départ de beaucoup de marques de X vers Blue Sky.
[Gwen] Et il y a la possibilité de faire des sponso sur Blue Sky ?
[Bryan] Ce n'est pas encore le cas, mais c'est aussi dans les réflexions. Donc là aussi, tu vois, moi, je considère que tant qu'on ne peut pas faire de publicité sur une plateforme sociale, c'est-à-dire qu'elle n'est pas encore mature pour aller chercher des avanceurs. Là aussi, pour moi, c'est un signal avec les stats.
La pub, ça pourrait être un signal assez fort qui montrerait que cette plateforme est mature. Pour l'instant, de mon point de vue, elle ne l'est pas forcément, mais elle peut le devenir. En tout cas, elle en prend le chemin.
En plus, elle se développe très, très rapidement. Il y a beaucoup, beaucoup de nouveautés chaque semaine. Nous, on a commencé à tester à l'agence et on a aussi un client qui adopte à peu près la même stratégie que nous, c'est-à-dire qu'en fait, on a un compte X et un compte Blue Sky.
Ce sont des miroirs, c'est-à-dire qu'on a exactement la même chose. On cross-poste les contenus pour tester, pour occuper la place, etc. D'ailleurs, c'est un point qui est très important, c'est-à-dire qu'une marque aujourd'hui qui nous dit qu'on quitte X, le point qu'on lui dit, c'est OK, OK, mais surtout ne supprimez pas votre compte sur X, ne le supprimez pas, vous le rendez inactif.
Mais le fait de le supprimer, ça rend finalement votre identifiant, le petit arbre base, ça le remet sur la sphère publique et donc n'importe qui, après, peut reprendre votre ancien identifiant et se faire passer pour vous.
[Gwen] Donc, il faut garder son compte, on fait un petit poste pour dire qu'on n'alimente plus le compte et où est-ce qu'on peut nous retrouver.
[Bryan] Exactement. Et où est-ce qu'on peut nous retrouver, ça, c'est fondamental. OK, tu peux dire aux gens, on ne publie plus dessus, mais par contre, les gens qui étaient intéressés par ce que tu racontais, ils ont quand même envie de savoir où est-ce qu'on se retrouve.
Oui, voilà, donc, il y a un peu tout ça, il y a SREZ, un peu hors-jeu, Blue Sky, et puis après, il y a aussi la question de, on arrête tout simplement, on arrête X et on ne va pas chercher de plateforme alternative ou alors, et c'est ce qu'on voit aussi beaucoup, des marques, beaucoup de collectivités aussi qui nous disent, on arrête X et on va investir davantage sur LinkedIn. Parce qu'ils se rendent compte que sur LinkedIn, on a de plus en plus d'échanges professionnels avec justement cette communauté d'expertise, il y a de plus en plus de personnes qui font leur V sur LinkedIn, qui faisaient avant leur V sur Twitter, donc il y a une forme de bascule et LinkedIn aujourd'hui est en train de prendre une place assez intéressante pour récupérer les audiences et les déçus de X.
Donc, c'est quand même assez intéressant ce qui se passe sur comment les audiences admigrent. On a beaucoup parlé de X, par contre, sur Meta, ce n'est pas aussi simple parce que, bizarrement, et on en parlait un peu avant de commencer l'enregistrement, autant sur X, dès que Musk a racheté X et qu'il a commencé à faire un peu n'importe quoi avec la plateforme, en tout cas, c'est notre point de vue, très vite, il y a des marques qui nous disent, on arrête, ou alors on met tout sur LinkedIn, la décision s'est prise très rapidement. Autant là, Meta...
[Gwen] Oui, quitter Facebook et Instagram...
[Bryan] Ouais, du genre, ouais, ouais, on verra, on n'est pas trop sûr, et là, tu sens que tu es en train de toucher du doigt à un vrai problème. Moi, je pense que c'est vraiment un des sujets qui est très important, c'est qu'on est hyper dépendant de Meta.
[Gwen] C'est les plateformes grand public par excellence. Exactement.
[Bryan] Et donc, moi, je trouve qu'aujourd'hui, on a une forme de responsabilité. Quand je dis nous, c'est toi, moi, Marlène, Ophélie, mais aussi toutes les personnes qui accompagnent des marques sur les réseaux sociaux. Je pense qu'on a une responsabilité pour dire aux marques, attention, les réseaux sociaux, ce n'est pas une finalité en soi, ce sont des moyens d'atteindre une audience.
Mais aujourd'hui, on est arrivé à une situation de très forte dépendance. Il y a quelques années, on avait des boîtes qui venaient nous voir et qui nous disaient alors, nous, on va migrer tout notre budget, relations presse, événementiel et blog pour faire que des réseaux sociaux. On va tout sortir de cet ancien budget, on va mettre tout sur les réseaux sociaux.
Et dès le début, je me disais, ne faites surtout pas ça, parce que déjà, il y a un truc qu'on nous apprend beaucoup en école, c'est le mix marketing, c'est vraiment diversifier ses canaux. Mais là, ça prend de plus en plus d'importance, c'est qu'imagine toutes ces marques qui ont dit on fait all-in sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, elles se disent mais en fait, Meta, X, même LinkedIn demain, on pourrait l'imaginer.
En fait, dès qu'elles changent de règle du jeu, changement de règle, tu te retrouves complètement dépendant de la règle du jeu et c'est extrêmement dur. Et il y a beaucoup de marques aussi qui ont oublié le fait que quand on va sur les réseaux sociaux, finalement, l'audience, ça ne nous appartient pas vraiment. Si demain, LinkedIn dit maintenant, en fait, pour atteindre vos abonnés, il faut payer.
C'est un peu d'ailleurs ce qui se passe sur Facebook et Instagram. Aujourd'hui, une baisse de la portée, du coup, c'est Meta qui a décidé de baisser la portée organique. Et du coup, changement de règle.
Maintenant, les marques ont compris que finalement, pour toucher leurs propres abonnés, il fallait presque même mettre un petit budget de sponso. On se retrouve à payer pour atteindre nos audiences.
[Gwen] On est locataire.
[Bryan] Exactement. Il y a beaucoup de marques qui ont oublié qu'on est chez les autres. On est invité en fait.
Alors, on est invité à bras ouverts, aller sur Facebook, Instagram, ix, LinkedIn, tout le monde nous accueille. Mais personne ne nous dit attention. Attention, par contre, si vous venez chez nous, vos audiences et vos contenus nous appartiennent.
Alors, c'est gratuit, mais ça nous appartient. Et donc, il y a à la fois la dépendance aux règles du jeu et il y a aussi la dépendance à la plateforme en elle-même. L'audience ne nous appartient pas.
Et donc, je pense que c'est hyper important de dire aussi aux marques, dans l'idéal, vous devez avoir un média, un support où votre audience vous appartient, un média propriétaire.
[Gwen] Donc un blog, une newsletter.
[Bryan] Exactement. La newsletter, le truc où tout le monde nous disait en 2017, 2018, non, mais la newsletter, franchement, qui lit des newsletters encore? J'ai l'impression que ça revient de plus en plus.
Oui, ça revient pour plusieurs raisons. La première, c'est qu'en fait, sur une newsletter, tu n'as pas de filtrage algorithmique. Tu n'as pas un algorithme qui dit toi, tu as le droit de voir, toi, tu ne vois pas.
Tu t'es abonné, tu reçois ta newsletter. Et puis, en fait, les éditeurs, les producteurs de contenus ont compris que sur une newsletter, elles étaient propriétaires de leurs audiences. Tu t'es inscrit à une newsletter, tu es propriétaire de ta base de données.
Donc, il y a plusieurs années, tout le monde se moquait un peu des marques qui avaient encore des newsletters. Et aujourd'hui, tout le monde dit mais c'est vachement bien, il y a encore des gens qui découvrent les bienfaits des newsletters. Donc, c'est hyper important de dire aux marques OK, vous avez OK, vous pouvez continuer à aller sur les réseaux, mais attention, vous êtes dépendant des règles, vous êtes dépendant de la plateforme et donc, dans l'idéal, il faut que vos audiences, elles aient envie de vous suivre ailleurs sur une plateforme où vous êtes propriétaire de votre audience.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle à l'agence, on a trois newsletters qui sont segmentés par thématique, etc. Mais aujourd'hui, on est propriétaire de près de 2500 adresses mail avec des personnes qui, en fonction des newsletters, on est sur des taux d'ouverture entre 50 et 70 %. C'est beaucoup plus intéressant que d'avoir 3000 abonnés sur LinkedIn.
Et c'est ça, je pense qu'il faut arriver à faire comprendre aux marques, c'est cet enjeu de limiter la dépendance. Et tu vois, autant avec X, il y avait un peu une forme de déni. Bon, on part et puis voilà.
Là, avec Meta, du coup, les gens se disent en fait...
[Gwen] C'est que, comme tu disais, si on décide de quitter X, il y a des possibilités qui s'offrent à nous pour retrouver la cible qu'on avait sur X ailleurs. Mais demain, on quitte Facebook et Instagram, où est-ce qu'on va ? Parce que bon, le grand public...
OK, d'accord, il y a TikTok, mais ce n'est pas la même tranche d'âge. Donc, il faut avoir ta cible sur TikTok.
[Bryan] Il faut avoir ta cible et TikTok a lui aussi ses propres problèmes. Même si tu dis OK, j'ai peut-être une alternative, en l'occurrence TikTok. Même TikTok, ils peuvent disparaître des Etats-Unis, il leur reste deux mois.
Ça pourrait disparaître des Etats-Unis. En France, c'est quand même un peu en situation délicate. Aujourd'hui, tu travailles dans une collectivité où en tout cas, pour le gouvernement, tu ne peux pas utiliser TikTok sur ton téléphone professionnel.
T'as raison de souligner, autant X, bon, on arrête ou on va ailleurs sur Blue Sky, LinkedIn, etc. Autant Facebook, Instagram. Là, ça commence à parler, quoi.
Donc, moi, je pense qu'il faut arriver à sensibiliser sur cette notion-là d'attention des propriétaires et peut-être que la clé se situe aussi dans... Et là, ça va peut-être faire rire beaucoup de personnes, mais moi, je pense que la clé, c'est les blogs et les newsletters. Mais ça fait dix ans que je pense ça.
D'ailleurs, la première newsletter de l'agence qui a été créée avant l'agence, elle va fêter ses dix ans-là et ça fait dix ans qu'elle envoie chaque semaine. Le blog de l'agence, il a été créé en 2012 quand je m'amusais à bloguer tout seul. Il est encore édité aujourd'hui.
Pour moi, je pense que l'avenir, c'est les blogs élus. D'ailleurs, ça ne peut pas se poser de problèmes sur la capacité du serveur. Ça coûte cher quand même.
Mais toujours est-il qu'aujourd'hui, on est propriétaire de l'agence du blog, on est propriétaire de la newsletter et ça, je pense que c'est la clé. Mais il y a 7-8 ans, tout le monde disait, on arrête les blogs, on arrête les newsletters. C'est le truc des vieux.
Moi, je ne suis pas sûr.
[Gwen] Après, c'est le truc des vieux. Déjà, je ne pense pas non plus, mais les vieux, si je peux dire ça comme ça, ils utilisent aussi Internet et les réseaux sociaux. Et les vieux, ça peut aussi être notre cible.
Donc, il ne faut pas les oublier. Parce que communiquer sur les réseaux sociaux, ce n'est pas réservé à nos cibles jeunes, en fait.
[Bryan] Exactement, oui, tout à fait. D'ailleurs, on le voit quand on voit les audiences sur Facebook quand on fait des campagnes, c'est quand même assez édifiant. Alors, on parle des blogs, des newsletters, ça peut être aussi des applications qu'on développe soi-même.
Alors, c'est moins accessible, mais toujours est-il que je pense que la logique, elle doit être de se dire OK, j'exploite les réseaux sociaux pour me créer une audience, mais cette audience, elle doit m'appartenir. C'est ça la logique, elle doit m'appartenir. Et ça, je pense que c'est vraiment un élément qui est indispensable et sur lequel on a quand même un enjeu de bien pouvoir sensibiliser les entreprises.
Face au projet. Oui, c'est sûr que par contre, quand on dit ça, j'en parlais autour de moi, j'ai un ami à qui j'expliquais ça, en tout cas, ce que j'en pense. Il me dit mais attends, tu te rends compte, t'es en train de dire qu'il faut peut-être aller utiliser moins les réseaux sociaux alors que c'est ce que toi, tu vends.
Et la réponse, c'est oui, c'est ce que je suis en train de dire. En fait, ce que je suis en train de dire, c'est qu'on a un rôle en tant qu'agence de dire attention, il y a des limites à ce qu'on fait. Un devoir de conseil.
Un devoir de conseil, exactement. C'est comme avec la cybersécurité. On a un devoir de conseiller les entreprises en disant là, ce que vous faites, c'est dangereux.
Cette pratique est dangereuse. Non, arrêter votre budget relations presse ou votre budget événementiel et tout mettre sur les réseaux sociaux, c'est dangereux. OK, commercialement, c'est hyper intéressant, mais c'est dangereux.
Et donc ça, je pense que c'est hyper important. Alors, d'une certaine manière, on est un peu en train de scier la branche sur laquelle on est assis. Mais en même temps, moi, je pense que c'est aussi comme ça que tu développes ton rôle de conseil, comme on disait.
Et c'est aussi comme ça que tu valorises ton éthique de travail. On parlait en préambule de cette notion d'éthique, etc. Moi, je pense que c'est éthique de dire aux marques, attention, ne mettez pas tout sur les réseaux sociaux et même une marque qui souhaite arrêter les réseaux sociaux, de l'accompagner pour le faire.
Moi, je ne suis pas contre ça. Et si demain, les réseaux disparaissent, je pense qu'on a encore un petit peu de marge. Mais nos métiers ne sont pas...
Moi, je pense qu'on arrivera à changer notre métier puisque finalement, ce qu'on fait, ce n'est pas animer des réseaux sociaux. Ce qu'on fait, c'est écrire et produire du contenu pour parler à des gens. Si ça se fait sur des numérisateurs ou sur un blog, qu'est-ce que ça change en final ?
Donc voilà, le réseau social, c'est juste un... C'est le média, c'est la plateforme, c'est le support. Il y a des gens avant qui écrivaient sur le papier, le papier...
Enfin, les gens ont arrêté d'écrire. Pour autant, ils ont continué d'écrire après sur un ordinateur. C'est le support qui change.
Donc, est-ce que c'est si grave ? En tout cas, je pense qu'il faut absolument dire aux gens, ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier et envisagez peut-être de vous créer des médias propriétaires. Ah là là, les gens qui vont nous écouter, ils vont être ravis.
Non, mais voilà. Après, on n'y est pas encore. Ce n'est pas demain qu'on va avoir des marques qui vont partir de Facebook et d'Instagram.
En revanche, je pense que c'est à nous de commencer à les éduquer en faisant attention. Je pense aux pubs, des fois, qu'on fait pour des clients. Et on a des clients, quand ils investissent un budget publicitaire, on va payer Meta, par exemple, pour faire une pub.
Ils nous disent, oui, il faut que ça renvoie sur nos pages produits pour que les gens achètent notre produit. Je comprends, c'est l'ère de la guerre. Tu mets un euro, tu vas en récupérer deux, trois, voire dix.
Mais peut-être que des fois, c'est bien de leur dire aussi, ouais, OK, on va renvoyer sur vos pages produits, mais ça serait pas mal aussi d'inciter les gens qui vous suivent sur Instagram à s'abonner à votre newsletter, par exemple. Tu vois, ça, ça peut devenir intéressant en termes de stratégie publicitaire. De dire, on va inciter les gens à aller lire un blog, à télécharger une application, à s'inscrire à une newsletter.
Et bizarrement, ça revient à la mode. Aujourd'hui, je ne sais pas si des fois tu envoies passer sur tes fiches d'actualité, mais moi, j'envoie énormément des publicités pour m'inscrire à des newsletters. Oui, c'est vrai.
Et parce qu'en fait, je pense que la plupart des marques ont compris que l'avenir, c'était ce type de médias.
[Gwen] Mais je le vois de plus en plus aussi chez les créateurs de contenu. Que pourtant, tu suis sur leurs comptes sociaux pour poursuivre leur quotidien, leur travail, etc. Et qui te proposent de s'inscrire à leur newsletter pour te raconter d'autres choses qu'ils ne racontent pas sur leurs comptes sociaux.
[Bryan] Exactement. Et voilà, ça explique aussi un peu l'émergence de ce type d'approche. Il faut prendre le pied, je pense, dès maintenant.
Et puis, pour en revenir un peu à tout ce sujet, X, Meta, etc. En fait, il n'y a pas de réponse unique. Est-ce qu'il faut partir, rester, etc.
Ça dépend énormément de comment tu t'es construit ton audience, de l'énergie que tu as mis sur cette plateforme. Est-ce que ton audience est encore active? Et puis, c'est pareil, quand on parle de X, faut-il rester ou partir?
C'est très personnel. Demain, si ça dégénère chez Ouest Digital, tu fais quoi? Tu restes ou tu pars?
Je t'accomplis. Ça dépend pourquoi ça dégénère. Mais c'est un choix quand même important.
Tu peux avoir des gens qui vont dire, non, je vais rester parce que si ça dégénère, je vais me battre pour ne pas que ça dégénère complètement. J'ai des autres qui vont dire, c'est bon, vas-y, je m'en vais.
[Gwen] Oui, mais je te dis, ça dépend dans quel sens et pourquoi ça dégénère. Mais oui, tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir. Puis, c'est des décisions très subjectives, finalement.
[Bryan] Exactement. Et tu vois, moi, j'ai un sociologue qui parlait justement de cette notion. Faut-il partir de X, etc.
Et qui, je crois que c'est le janvier, qui disait rester sur X, c'est une forme de combat. Tu vois, c'est continuer de combattre. Et c'est la position, d'ailleurs, qu'a adoptée Marine Tandelier de Europe Écologie des Verts.
Elle dit, donc Yannick Jadot, d'un côté, qui dit, moi, je m'en vais. Sandrine Rousseau dit, moi, je m'en vais. Et Marine Tandelier, et d'ailleurs, je crois que Olivier Faure, il a la même position qu'elle.
Donc, le Parti Socialiste. Tous les deux disent, non, on va rester pour continuer le combat, en fait. Sinon, en fait, qui est-ce qui va...
[Gwen] Il ne restera que des pro-Musk sur la plateforme.
[Bryan] Donc, en fait, tu vois, mais ça, d'ailleurs, il y a des distinctions à gauche et à droite. Personne n'est d'accord. Il n'y a pas...
Enfin, voilà, c'est très individuel. Et cette notion de rester ou partir, ça dépend. Est-ce que tu veux te battre ou pas, quoi ?
[Gwen] Oui, c'est fou. En fait, c'est, pour certaines personnes, le fait de rester ou pas sur une plateforme, ça devient un choix politique, quoi.
[Bryan] Je n'irais pas jusqu'à politique parce que du coup, ça voudrait dire que si tu restes sur X, c'est que d'une certaine manière, tu prêtes allégeance à...
[Gwen] Ah non, non, mais c'est pour ça que j'ai précisé pour certaines personnes. Tu vois, comme tu disais que Yannick Jadot était parti parce que pour lui, ce n'était pas possible. Lui, c'était clairement une décision politique de quitter, quoi.
[Bryan] C'était une forme de je veux que le monde sache que je suis contre, même si, bon, je ne sais pas s'il pèse grand chose, malheureusement. Mais en tout cas, c'est une déclaration assez forte de dire, moi, je ne me reconnais pas dans cette ambiance. Mais voilà, et donc, c'est pour ça que partir, rester, ce n'est pas aussi simple que ça.
J'ai entendu des gens autour de moi qui disaient, on n'a qu'à partir de X. Oui, mais quand tu es une marque qui a des valeurs fortes, peut-être que la question peut un peu plus se poser, quoi.
[Gwen] Alors, justement, est-ce que tu as des conseils pour aider à cette prise de décision?
[Bryan] Alors, je dirais que la première chose, déjà, c'est de se dire, est-ce que sur la plateforme en question, sur laquelle je me pose des questions, est-ce que j'y reste ou pas? Déjà, est-ce que mon audience est encore assez active? Est-ce que j'ai encore des performances?
Est-ce que quand je publie du contenu, ma visibilité, elle est toujours maintenue? Parce que c'est sûr que si déjà, ta visibilité, elle est divisée par deux ou trois. Bon, déjà, tu peux quand même te poser la question, est-ce que ça vaut le coup de continuer à rester?
Ensuite, il y a la question de, est-ce que j'ai envie de continuer à combattre? Est-ce que j'ai un message à porter? Il y a des marques aujourd'hui qui portent des messages et qui, de mon point de vue, doivent rester sur ce type de plateforme.
Parce que si elles partent, elles disent stop au combat. Et puis, voilà. Donc, l'audience, est-ce qu'elle est encore là?
Est-ce que j'ai des performances qui baissent ou pas? Est-ce que je porte des messages suffisamment forts pour rester? Est-ce que j'ai envie de le faire aussi?
Si oui, du coup, comment je le fais? Et est-ce que j'accepte que certains des messages soient au-dessus et en dessous d'autres messages qui sont peut-être antagonistes à mon propre message? La notion de réputation de marque, Brand Safety, dont on parlait tout à l'heure.
Et puis, pour les marques qui disent maintenant, on va partir. Est-ce que c'est juste partir pour rien d'autre ou est-ce que c'est partir pour retrouver autre chose? Et si oui, vers quelle plateforme?
Est-ce que je vais plutôt sur une plateforme qui ressemble à celle que je viens de quitter? De X vers Blue Sky, par exemple. Est-ce que je vais sur une plateforme qui ne ressemble pas trop de X à LinkedIn, par exemple?
Mais parce que ça correspond au type de discussion, d'échange que j'ai envie d'avoir. Et puis, si j'arrête X, Facebook, Meta, comment je m'y prends? Je ne supprime pas mon compte, je dis pourquoi je pars, je mets en sommeil mon compte, etc.
Tout ça, ce sont des choses qui sont hyper importantes pour bien penser le fait de rester ou de partir. Et puis après, il y a toute la campagne, je dirais, la stratégie pour faire migrer ton audience. Je pars de X, OK, mais comment je l'emmène sur LinkedIn?
Comment je vais arriver à la retrouver sur LinkedIn? Et là, c'est un peu plus complexe. Je ne dis pas que je n'ai pas envie d'y répondre au micro du pod, mais ça pourrait prendre beaucoup de temps.
Et surtout, je pense que pour le coup, c'est un sujet qui est assez technique, qui dépend beaucoup des marques. Et j'inciterais plutôt les marques à nous contacter pour qu'on en discute en direct. Pour nous, la raison principale, c'est qu'en fait, il n'existe pas de réponse unique sur la bonne manière de migrer ses audiences.
[Gwen] Evidemment, bien sûr.
[Bryan] Donc, après, se poser la question, comment je migre? En tout cas, j'incite mes audiences à migrer. Et le dernier point, c'est comment, une fois que j'ai vécu cet épisode un peu douloureux de quitter, partir, etc.
Comment, qu'est ce que je mets en place dans ma stratégie éditoriale? Quels sont les ajustements que je vais mettre en place pour devenir moins dépendant des plateformes sociales? Comment je fais pour me créer une audience propriétaire?
OK, voilà, c'est à peu près les conseils qui me viennent, en tout cas à chaud comme ça.
[Gwen] OK. Est ce que tu as des choses à ajouter sur ce sujet qu'on n'aurait pas abordé?
[Bryan] On a fait pas mal de... On a fait un bon petit tour. Ah si, il y a un dernier point, quand même, c'est que là, on parlait du point de vue des marques.
Ce qu'on regarde, c'est ce qu'on parle, etc. Mais en fait, il ne faut pas négliger aussi les utilisateurs, les utilisatrices eux-mêmes. En l'occurrence, nous, on est en France.
Qu'en pensent les Français de tout ça? Parce que c'est pareil, je veux dire, la manière dont le public français va réagir, ça aussi déterminera si l'audience continue de rester active sur Meta, etc. Ou même sur X.
Quand Zuckerberg a fait ses annonces début janvier, il y a un sondage, je crois que ça doit être Harris Interactive. Je retrouverai la source, qui a mis en avant deux choses. La première, c'est qu'il y avait à peu près deux tiers des Français qui étaient inquiets par rapport à cette annonce.
Il y a une forme d'inquiétude. Il y a quand même une forme de je prends conscience de l'impact que ça peut avoir sur ma vie. Le fait qu'on soit sur une plateforme qui n'est plus modérée par des humains.
Enfin, qui n'est plus modérée par des équipes de modération, mais qui sont modérées par...
[Gwen] Oui, par des gens neutres, en fait.
[Bryan] Des gens neutres et toutes les conséquences que ça peut avoir. Deux tiers de Français inquiets et un tiers de Français qui se dit très méfiant maintenant des contenus publiés sur les plateformes.
[Gwen] C'est clair. Moi, c'est ce que je me suis dit directement. Parce que déjà, avant, quand il y avait des gens neutres qui vérifiaient les contenus, j'avais toujours pris l'habitude de vérifier l'information diffusée.
Enfin, de toute façon, il faut vérifier une information quelle qu'elle soit. Qu'on la voit sur un réseau social, sur un site, un blog, sur Internet ou même sur un JT, j'ai envie de te dire, un journal télévisé. Il faut toujours vérifier.
Mais là, encore plus.
[Bryan] Ouais. Et du coup, quand j'ai lu ça, je me suis dit OK, là, on est quand même à un tournant parce que ce n'est pas impossible aussi que les audiences, les utilisateurs et utilisatrices, les Français et les Françaises, quand elles vont lire un post sur les réseaux sociaux, elles vont se méfier. D'où l'importance d'être une marque qui inspire la confiance, qui, quand elle produit du contenu, cite ses sources, qui recoupe l'information, qui n'est pas à 100% que mon produit, mon produit, mon produit promotionnel, mais avoir un peu cette construction de la même logique qu'ont les médias pour développer une confiance vis-à-vis de leur audience.
Et ça, je pense que ça va devenir encore plus important. Surtout que maintenant, la plupart des Français et des Françaises vont se méfier des informations. Et le dernier point qui, moi, m'a fait beaucoup cogiter, c'est cette fois, pour les community managers, social media managers, c'est l'importance encore plus, enfin, le point le plus important encore, c'est de bien suivre les évolutions des plateformes, d'avoir une veille permanente sur ce qui se passe, ce qui se dit, etc.
C'est d'autant plus important parce qu'en fait, aujourd'hui, moi, j'ai été frappé en à peine deux mois. La plupart des dirigeants et des dirigeantes que je rencontre, la question qu'on me pose, c'est ça, c'est mais il faut rester encore sur X, mais attends, Meta, est-ce qu'il faut continuer à mettre des budgets, etc. Et donc, si t'es community manager, social media manager, et que tu t'intéresses pas à ce sujet-là, et que tu suis pas les déclarations, les modifications, etc., quand ton ou ta chef se prend dans ton bureau en disant, vas-y, on va arrêter Meta, qu'est-ce que tu réponds si tu sais même pas ce qui se passe ?
Donc, ça renforce aussi l'importance, enfin moi, aujourd'hui, je pense que quelqu'un qui gère les réseaux sociaux de son entreprise, elle se doit de se tenir à jour de ce type de débat. Elle peut faire ce qu'elle veut, elle peut écouter des podcasts, elle peut lire des newsletters, elle peut lire des blogs, etc. S'abonner à la lettre de veille de l'agence.
Non mais, par exemple, tu vois, je vais pas parler volontairement, mais c'est aussi une piste. En tout cas, je pense que tu peux pas, en fait, aujourd'hui, mais j'en vois encore, j'en rencontre encore, on fait souvent des apéros-CM à Nantes, j'ai des fois des CM qui me disent, oh, je suis un peu largué par ce qui se passe sur les réseaux sociaux, mais, eh bien non, en fait, jusqu'à aujourd'hui, tu peux plus être largué, malheureusement. Et c'est peut-être l'une des difficultés principales de notre métier, c'est que ça change tout le temps.
[Gwen] Oui, tu peux pas être largué sur l'info de base. Après, tu peux être indécis sur le conseil à donner derrière, mais tu peux pas être largué sur le sujet de base.
[Bryan] Tu dois avoir connaissance des faits. On te demande pas d'avoir une opinion tout de suite, là, maintenant, mais tu dois avoir connaissance des faits. Ton opinion, peut-être que tu vas avoir besoin d'y réfléchir, c'est normal, mais tu peux pas négliger les faits.
Tu négliges les faits, je vais pas aller jusqu'à dire que c'est de faute professionnelle, mais pas loin. Oui, ça aussi, ça m'a beaucoup fait cogiter quand il s'est passé tout ça, j'en réfléchis beaucoup, et ça, ça m'a aussi un peu marqué sur l'importance du jour au lendemain, tout peut changer. Enfin, je veux dire, quand j'ai lu la déclaration de Zuckerberg, je reviens à ce que je disais au début, je croyais vraiment que c'était une fausse vidéo, en fait.
Mon premier réflexe, ça a été de chercher sur Google, est-ce que la vidéo de Zuckerberg est une fake news ?
[Gwen] Oui.
[Bryan] Un deepfake, tu vois, je pensais que c'était un deepfake.
[Gwen] Oui, c'est ce que j'allais dire.
[Bryan] Je me suis dit, c'est complètement incroyable. Parce qu'en fait, en 2016, c'était complètement l'inverse. Ils disaient, on va encadrer, on va modérer, on va sécuriser.
[Gwen] Oui, c'est ça aussi qui a surtout mis le doute, c'est qu'il a changé son fusil d'épaule.
[Bryan] Toi, ce n'est pas genre, je prends un petit virage. Là, en fait, c'est carrément, je fais un drift et je repars dans l'autre sens. Oui, je fais retour arrière.
Donc, sur le coup, je me suis dit, il y a un truc qui n'y a pas. Et du coup, c'est là où je me suis dit, mais attends, tu ne peux pas, il faut quand même suivre. Il faut suivre très, très rapidement, parce qu'après, en plus, cette annonce-là, elle était reliée dans tous les médias généralistes, etc.
Forcément. Tu es obligée de, rapidement, de savoir un peu ce qu'il se passe, les incidences, et puis rapidement, de te forger une opinion.
[Gwen] Oui. Ça marche. Alors, du coup, qu'est-ce qu'on retient de cet épisode?
[Bryan] On retient que, oui, il y a un petit orage qui traverse l'Atlantique, mais en soi, ce qui est important, c'est d'être préparé à ce qui se passe, d'être conscient de ce qui se passe. Je pense que c'est le premier point. C'est de ne pas être dans le déni.
Oui, ok, c'est plus facile de quitter X que Meta, mais peut-être que dans 2-3 ans, il y aura une vague assez importante de départ. Moi, je ne l'exclus pas. Il faut se préparer et savoir comment on peut réagir.
Le deuxième point, c'est la notion d'audience propriétaire. Je pense que là, aujourd'hui, on le répète souvent dans les podcasts, mais je pense qu'il y a beaucoup de marques qui n'ont pas encore conscience de cette notion de propriété d'audience. Donc, vraiment de garder à l'esprit que les choix que vous faites, ce n'est pas que des choix commerciaux.
Quand tu pousses tes produits sur les réseaux sociaux, c'est une chose, mais tu dois aussi pousser tes médias propriétaires pour te construire ta propre audience. Donc, ne pas oublier qu'en fait, ce sont les réseaux sociaux qui décident des règles. Donc, il faut en être conscient.
Et puis, du coup, par conséquent, de diversifier ses canaux de communication. Je pense qu'aujourd'hui, une marque doit se dire que oui, il y a les réseaux sociaux, le site web, le blog, la newsletter. Mais il y a aussi les événements, le réseau professionnel, les relations presse.
Il n'y a pas que les réseaux sociaux. Donc, il y a cette notion au-delà de la dépendance, de diversification.
[Gwen] Super. Merci beaucoup pour toutes ces infos.
[Bryan] Je t'en prie, avec plaisir.
[Gwen] Et puis, on mettra les différentes sources, infos complémentaires dans les notes de podcast. Et puis, on pourra aussi peut-être mettre les notes de podcast à jour s'il y a des évolutions. Et de toute façon, on en parlera probablement sur nos réseaux.
Et en tout cas, c'est très certain que tu partageras les infos nécessaires dans la lettre de veille qui arrive tous les vendredis ou tous les lundis.
[Bryan] Exactement, c'est sûr que ça sera dedans. Comptez sur moi, parce que c'est un sujet qui me passionne et qui me tient à cœur.
[Gwen] Et qui est important.
[Bryan] Exactement.
[Gwen] Merci beaucoup, bonne journée à toi. Merci. Et puis, on se retrouve bientôt au micro du Pod pour un prochain épisode.
[Bryan] Avec plaisir, salut.
[Gwen] Quelques mots avant de se quitter. Tout d'abord, vous pouvez retrouver cet épisode sur le blog de l'agence www.keepitsimple.fr rubrique podcast ou sur nos réseaux sociaux. Ensuite, n'hésitez pas à suivre notre agence sur les réseaux sociaux, LinkedIn, Twitter, Instagram.
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